La face cachée

L’entrée naturelle se situe à prés de 700 m d’altitude près du Col de Coupe. Elle est aujourd’hui fermée par une porte blindée, il s’agissait à l’origine d’un puits au fond d’une dépression, comme on en trouve beaucoup dans les Baronnies. La légende d’un agneau perdu dans ce puits et ramené par un bûcheron à une bergère en pleurs ouvrit la voie vers cet univers souterrain. Plus bas, les galeries visitées par le public se situent à 130 m.
Plusieurs galeries se développent, souvent difficiles avec des puits ou des étroitures dont la plus connue donnant accès aux niveaux inférieurs : « le Trou de Canon ». Un passage très étroit (pas plus de 37 cm de haut pour 42 cm de large) en forme de fût de canon, long de 3 m et en pente montante ! Un moment souvent très délicat et dur à passer !!!

On trouve de très belles salles concrétionnées par des stalactites, stalagmites, draperies et de très nombreux disques et excentriques. Les galeries montrent les traces de creusement et le travail de l’eau et son action sur la roche. Son accès est très technique, l’initiation à la spéléologie y est interdite et c’est un site d’hivernage pour les chauves-souris (grands et petits rhinolophes).

Partout des concrétions exceptionnelles d’aragonite ou de calcite. On avance dans un univers proche des plus beaux milieux sous-marins, les parois, les colonnes et stalagmites sont recouverts de cristaux. C’est la partie la plus belle du Gouffre par sa profusion et la taille des cristallisations. C’est dans cette partie que l’on trouve des cristaux d’aragonite à facettes courbes uniques au monde à l’heure actuelle. De belles salles et d’autres formes de dissolution et de cristallisation sont aussi visibles (triangles creux, disques, excentriques…).
Norbert Casteret écrivait dans “Ma vie souterraine” :

“… Le décor se prolonge toujours aussi féerique, non seulement les parois sont toujours tendues de velours de calcite et d’aragonite, mais le sol lui-même scintille car il est parsemé d’aiguilles et de fils de gypse aussi fins que des fils d’araignées. A chaque pas, je dois chercher et choisir la place où j’imprimerai mes chaussures cloutées qui, hélas, font des dégâts dans cette joaillerie où je suis le premier à pénétrer…”

C’est là que Norbert Casteret fit dire une messe en 1945 et depuis une statue de la Vierge Marie a été scellée et veille sur cet univers souterrain.

Aujourd’hui, l’accès est protégé par une grille blindée et l’on y pénètre, en réunissant 3 clés, sur autorisation exceptionnelle du Préfet. L’homme ne fait ici que passer et les visites se font uniquement à but scientifique ou à titre exceptionnel.

Cette galerie a fait l’objet d’une opération de réhabilitation exemplaire faite par les services de la DREAL Midi-Pyrénées, le Spéléo-rando Club d’Esparros et de nombreux bénévoles. En effet, comme le dit Norbert Casteret, les premiers spéléologues ont laissé des traces de leur passage. Plusieurs missions ont permis de nettoyer les galeries et salles, aménager et matérialiser un cheminement et restaurer des sols par épandage de dolomite.

Découvert dans les années 2000, ce balcon, perché au-dessus d’un vide, tout au bout de la Salle du Lac, est presque visible des visiteurs. Il recèle des cristaux de tout beauté et particulièrement rares : des aragonites en aiguilles (aciculaires) qui composent des bouquets denses et dont la taille est exceptionnelle, certaines aiguilles atteignant plusieurs dizaines de cm. D’autres sont regroupées en lilas, se développent en ailes de papillon ou en grandes gerbes. On trouve là une exceptionnelle variété de cristaux qui fait de c’est endroit, l’un des plus beaux du monde souterrain. Les recherches sont encore à mener dans cet endroit inedit.

C’est le réseau actif, en grande partie inconnu. Il débute à Labastide, de l’autre coté de la montagne où la rivière qui se nomme «Laspugue» (la Grotte) disparaît dans une vaste grotte « La perte », visible lors de la visite du site de Labastide, pour ressortir à Esparros, de l’autre coté de la montagne, où elle se nomme « L’Ayguette » (la petite eau). Ce parcours de plus de 1,5 km. est en grande partie inconnue. Norbert Casteret fit une coloration à la fluorescéine depuis Labastide, prouvant que les deux ruisseaux ne faisaient qu’un.
Etroitures, laminoirs, lac souterrain pour la partie connue et espaces mystérieux composent un réseau, sûrement où la rivière creuse encore des vides immenses et où jusqu’à maintenant, nul n’a jamais pu pénétrer bien loin. Tant de choses à découvrir !